Alice ou la Dernière Fugue est un film un peu particulier dans la carrière de Claude Chabrol puisque c'est son seul film véritablement ancré dans un univers fantastique et surréaliste. Habitué à décortiquer avec acidité les travers de la petite bourgeoisie de province, Claude Chabrol s'attaque ici un récit forcément très inspiré de Alice Au Pays des Merveilles à l'image de l'héroïne du film interprété par Sylvia Kristel et qui s'appelle Alice Caroll.

Alice ou la Dernière Fugue raconte histoire d'une femme qui quitte son mari après l'avoir une dernière fois longuement écouté dans un long monologue égocentrique allongé sur le canapé en regardant Des Chiffres et Des Lettres. Alice s'enfuit donc de nuit, mais après que son pare-brise ce soit brisé lors d'une pluie nocturne accompagnée d'un orage, cette dernière trouve refuge dans une immense maison dans laquelle elle est accueillie par un vieil homme et son valet. Au petit matin lorsque Alice se réveille elle se retrouve seule dans la maison vide et incapable de s'en échapper. 

Alice ou la Dernière Fugue appartient à cette vague de cinéma fantastique étrange et contemplatif qui utilise le mystère onirique d'un long rêve éveillé bien plus que l'horreur pour installer un climat inquiétant. Du coup durant de longues scènes nous allons voir Alice errer, chercher à s'enfuir, tenter de comprendre, suivre d'étranges pistes puis revenir inexorablement à son point de départ. La jeune femme rencontrera également comme dans le roman de Lewis Caroll d'étranges personnages qui bien loin de lui apporter des réponses ne feront que l'enfoncer dans un abîme de questionnements de plus en plus lourds. Si le film n'est pas désagréable à regarder, il s'avère tout de même assez rapidement un peu amorphe dans son rythme et pas des plus palpitant dans son intrigue. C'est d'autant plus vrai qu'il ne faudra pas bien longtemps aux spectateurs pour comprendre l'incompréhensible et pour appréhender les tenants et les aboutissants de ce récit fantastique et étrange mais finalement plutôt commun dans ses thématiques.

Sans grandes fulgurances de mise en scène Claude Chabrol ne parvient que très rarement à rendre palpable l'angoisse et l'étrangeté de son récit. Alice ou la Dernière Fugue s'appuie sur l'incontestable savoir-faire de son réalisateur certes appliqué mais visiblement pas vraiment inspiré par le fantastique de son récit. Et si l'on excepte une séquence étrange dans un restaurant avec une cérémonie qui part un peu en sucette, dans l'ensemble ce récit fantastique semble bien souvent et paradoxalement trop terre à terre. Niveau casting en plus de l'immortel actrice de la saga érotique Emmanuelle qui nous gratifiera une nouvelle fois de ses charmes, on retrouvera Charles Vanel en vieux patriarche, Jean Carmet en majordome et André Dussollier qui incarne ici deux rôles presque antinomiques.

Alice ou la Dernière Fugue est peut-être finalement un film fantastique qui ne ressemble pas du tout ou si peu un film fantastique. Certes Claude Chabrol nous proposera quelques scènes décalées et étranges mais incontestablement le réalisateur du Boucher et de Que la Bête Meure se révélera bien plus à l'aise dans la sinistre vérité auscultée à la loupe que dans l'imaginaire et le fantastique.

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J'aime : Le charme de Sylvia Krystel - L'ambiance étrange du film

J'aime Moins : Une intrigue assez prévisible - Un récit fantastique assez soporifique

Ma Note : 05/10