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Mum and Dad
Mum & Dad
de Steven Sheil
Avec Toby Alexander - Ainsley Howard et Olga Fedori
Grande Bretagne - 2008 - Horreur / Drame
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Si l'on regarde le paysage cinématographique européen, du coté du cinéma de genre il est indéniable qui si l'Espagne tient toujours le haut du panier derrière c'est belle et bien L'Angleterre qui fait preuve d'une belle vitalité et qui depuis quelques années maintenant nous abreuve régulièrement de films faisant grandement honneur aux genres qu'ils investissent. De The descent à Creep en passant par Shaun of the dead ou encore Dead man shoes, 28 jours plus tard et Waz le cinéma horrifique british démontre qu'il est tout aussi intéressant que particulièrement varié ( Pas un seul remake moi je dis juste respect! ). A cette jolie liste de titre il faudra désormais ajouter Mum and Dad un premier film écrit et réalisé par Steven Sheil qui déboule ,une fois n'est pas coutume, assez honteusement directement en DVD chez nous.
Mum and Dad raconte l'histoire d'une famille recomposé bien paisible vivant un petit pavillon au bord d'un aéroport. On a donc la maman qui adore scarifier ses enfants juste parce qu'elle trouve ça joli et puis le Papa qui fait régner une discipline de fer en imposant ses règles à grands coups de marteau dans la gueule. Le couple possède deux enfants adoptifs qu'ils ont donc lentement construit à l'image de leurs valeurs familiales qui sont dévotion, obéissance, travail et asservissement total. Et lorsque la petite famille souhaite s'agrandir elle attire dans sa maison des jeunes filles sans attaches en les forçant à se plier jusqu'à la rupture aux règles hardcore de leur éducation.
Réalisé pour un budget des plus minime Mum and Dad va donc se concentrer entièrement sur ce noyau familiale de dégénérés. Le film comporte moins de dix personnages et se concentre totalement sur ce qui se passe dans le Home sweet Home des deux parents. Un choix aussi économique que pertinent puisque le film s'amuse avec délice à démolir un bon nombre de valeurs familiales en les détournant avec force. On parle souvent de la sphère privée de nos maison et de principe d'éducation des enfants propres à chaque parents et c'est visiblement avec délice que Steven Sheil joue avec ses deux notions. Dans cette petite maison on souhaite tellement construire des enfants parfaits que l'on va les façonner physiquement, que l'on va en faire des machines à obéir, que l'on va les enfermer pour qu'ils ne nous quittent jamais et que l'on va finalement en faire des jouets. Du coup le film fonctionne souvent sur ce décalage grotesque et excessif qui fait que l'on pourrait presque sourire de toute cette noirceur. Un petit peu à la manière de la scène décalée du petit déjeuner dans Martyrs on a parfois la sensation en regardant Mum and Dad d'assister à une Sitcom décalée dans laquelle on s'amuse à jouer à être une gentille famille modèle en dépit de la folie furieuse qui nous entoure. J'adore la scène du repas avec le papa qui lit son journal, la maman qui fait la cuisine, la grande sœur qui raconte sa journée, le fiston qui fait les tâches ménagères et le film porno à la télévision comme si c'était Télématin. Le personnage de Birdie est aussi typiquement une héroïne de sitcom; pipelette incessante, chahuteuse avec son frère, jalouse et prête à tout pour rester la petite préférée de sa maman, il suffirait presque de rajouter deux trois rires enregistrés sur certaines séquences pour être raccord. D'ailleurs en regardant le film je pensais parfois à la scène de Natural born killers lorsque Juliette Lewis est avec ses parents.... L'une des grandes forces du film tient donc dans cette ambiance qui culmine lors d'une fête de fin d'année durant laquelle on offre des bouquins de cul et des instruments de torture dans une ambiance festive tout aussi malsaine que grotesque avec des corps torturés en guise de décoration.
Mais Mum and Dad ne fonctionne pas uniquement sur ce décalage qui fait que l'on hésite souvent entre frisson et sourire crispé car Steven Sheil réussit aussi à installer une vraie grosse tension qui va faire que jamais le spectateur ne pourra rester tout à fait confortable devant l'écran. A ce titre c'est incontestablement le personnage du père superbement interprété par Perry Benson qui incarne le plus la tension parfois assez glauque du film. Car si Papa est un petit gros à lunette avec une apparente bonhomie c'est surtout un monstre de sadisme et de violence qui semble constamment sous pression et prêt à exploser. Pourtant Steven Sheil ne montrera jamais Dad directement en train de torturer ses victimes, il lui suffira juste de quelques plans judicieux du personnage couvert de sang, de plans rapides sur des instruments de tortures pour que le spectateur comprenne alors toute l'agressivité et la folie d'un personnage imprévisible et donc totalement flippant. C'est bien simple toutes les scènes impliquant Dad sont des moments de tension palpable dans lesquels on est incapable de savoir vraiment ce qu'il va bien pouvoir se passer. Perry Benson est vraiment super impressionnant et quand tout d'un coup il laisse échapper ses pulsions les plus violentes et malsaine on se retrouve devant un type qui hurle ,éructe et semble vouloir démolir physiquement tout ce qui se présente devant lui. Mum and Dad flirte même avec le too much en montrant le père de famille se masturber devant ses enfants dans un morceau de bidoche humain, fort heureusement ce genre d'excès n'entame pas trop la crédibilité du film qui se place ouvertement sur un registre trouble et dérangeant dans lequel la violence est souvent associée à des pulsions ouvertement sexuelles. Lorsque la mère entaille la chair de ses victimes elle le fait dans un soupir de sensualité, le fils se masturbe en regardant sa sœur se faire taillader.... On pourrait penser à une forme factice et facile de provocation mais incontestablement Steven Sheil fait planer sur son film des ombres bien plus troubles comme cette idée de la famille comme lieu de tout les excès et des pires secrets, des secrets d'autant plus sombre et profonds que l'on a souvent l'habitude de dire que la famille et la vie privée des gens ne nous regarde pas. Dans Mum and Dad plane donc le fantôme douloureux de l'inceste et même de la pédophilie à travers cette scène aussi discrète que tétanisante lorsque la jeune captive investit une chambre en haut de la maison dans laquelle survit la jeune fille handicapée du couple, pensant avoir affaire à ses parents la jeune fille grimée comme une petite fille ou une poupée relève alors machinalement sa jupe dans un geste de soumission absolument effrayant. Vers la fin du film on retrouvera ce type de scène choc lorsque le père outrageusement grimé en femme viendra exhiber son sexe à sa dernière fille adoptive. Le film fonctionne donc aussi sur ce type de rupture de tons, sur cette inconfort constant qui fait que jamais on ne sait à quoi s'attendre lors de la séquence suivante, le film pouvant passer en deux secondes du grotesque d'une farce noire à la profondeur d'un drame intime. Contrairement à un film comme The girl next door, Mum and Dad ne parle pas de l'anéantissement physique et morale d'une personne, le film ne raconte pas la démolition mais bien une tentative de remodelage et de reconstruction à son image d'une autre personne. A ce titre les présents offerts aux enfants adoptifs ressemble presque à des passation de pouvoir; instruments de torture pour la fille et revues de cul pour le garçon . Car au fond Mum and Dad parle bel et bien à travers ce prisme grotesque et totalement décalé de ses enfants que l'on voudrait modeler à notre propre image.
On pourras toujours reprocher au film une multitude de petits défauts comme une volonté de tout vouloir expliciter et expliquer comme une garantie de couvrir caractéristiquement la crédibilité de son histoire, du coup on passe un peu trop de temps à nous expliquer le coté sans attaches des victimes de la famille. Mum and Dad n'évite pas non plus la complaisance de quelques séquences trashouilles pour jouer sur l'écœurement du spectateur comme lorsque l'héroïne dissimule dans sa bouche un morceau de mâchoire arrachée ou que Daddy l'oblige à embrasser ses pieds dégueulasses ou à rouler un palot à une tête fraîchement coupée. Le dernier acte souffre aussi d'un traitement qui manque d'impact, la mise en scène de Sheil semblant d'un coup manquer de force à retranscrire l'acte libératoire qu'il montre. C'est franchement décevant car Steven Sheil avait réussit jusqu'au dénouement de son film à installer une vraie ambiance avec une belle économie de moyen. Pas du tout tape à l'œil, discrète mais foutrement efficace la mise en scène de Sheil exploitait parfaitement son décor et ses acteurs à l'aide de cadrage toujours extrêmement bien soignés. J'adore par exemple les scènes récurrente et ses plans d'avions passant au dessus de la maison comme un symbole du temps qui passe, d'une vie qui continue et d'une indifférence générale. Mais voilà ces défauts n'entament en rien la crédibilité du film et son impact et ce serait donc bien injuste de se focaliser sur quelques aspects moins réussit pour condamner le film dans son ensemble d'autant qui il ne faut pas l'oublier qu'il s'agît là d'un tout premier film.
Mum and Dad est donc pour moi la première belle surprise de l'année, un film qui semble avancer avec de bien gros sabots mais qui se révèle finalement passionnant de sous texte. Si vous en avez l'occasion passez donc voir Mum and Dad à la maison, c'est le genre de visite en famille qu'on oublie pas.
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J'aime : Une façon monstrueuse de dynamiter la sacro-sainte sphère familial - Un film fort et intelligent - Les comédiens - Le côté sitcom dégénéré
J'aime moins : Quelques scènes complaisantes - Le final un peu décevan
Ma Note : 07/10
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